Il y a dans les personnes ou dans les choses, un charme invisible, une grâce naturelle qu'on a pu définir, et qu'on a été forcé d'appeler le je-ne-sais-quoi'' (Montesquieu)

samedi 8 janvier 2011

Fragmentaire

"Depuis quelques temps Bosmans pensait à certains épisodes de sa jeunesse, des épisodes sans suite, coupés net, des visages sans noms, des rencontres fugitives. Tout cela appartenait à un passé lointain, mais comme ces courtes séquences n'étaient pas liées au reste de sa vie, elles demeuraient en suspens, dans un présent éternel. Il ne cesserait de se poser des questions là-dessus, et il n'aurait jamais de réponses. Ces bribes seraient toujours pour lui énigmatiques. Il avait commencé à en dresser une liste, en essayant quand même de retrouver des points de repère : une date, un lieu précis, un nom dont l'orthographe lui échappait. Il avait acheté un carnet de moleskine noire qu'il portait dans sa poche intérieure de sa veste, ce qui lui permettait d'écrire des notes à n'importe quel moment de la journée, chaque fois que l'un de ses souvenirs à éclipses lui traversait l'esprit. Il avait le sentiment de se livrer à un jeu de patience. Mais à mesure qu'il remontait le cours du temps, il éprouvait parfois un regret : pourquoi avait-il suivi ce chemin plutôt qu'un autre ? Pourquoi avait-il laissé tel visage ou telle silhouette, coiffée d'une curieuse toque en fourrure et qui tenait en laisse un petit chien, se perdre dans l'inconnu ? Un vertige le prenait à la pensée de ce qui aurait pu être et qui n'avait pas été.
Ces fragments de souvenirs correspondaient aux années où votre vie est semée de carrefours, et tant d'allées s'ouvrent devant vous que vous avez l'embarras du choix. Les mots dont il remplissait son carnet évoquaient pour lui l'article concernant la "matière sombre" qu'il avait envoyé à une revue d'astronomie. Derrière les évènements précis et les visages familiers, il sentait bien tout ce qui était devenu une matière sombre : brèves rencontres, rendez-vous manqués, lettres perdues, prénoms et numéros de téléphone figurant dans un ancien agenda et que vous avez oubliés, et celles et ceux que vous avez croisés sans même le savoir. Comme en astronomie, cette matière sombre était plus vaste que la partie visible de votre vie. Elle était infinie. Et lui, il répertoriait dans son carnet quelques faibles scintillements au fond de cette obscurité. Si faibles, ces scintillements, qu'il fermait les yeux et se concentrait, à la recherche d'un détail évocateur lui permettant de reconstituer l'ensemble, mais il n'y avait pas d'ensemble, rien que des fragments, des poussières d'étoiles. Il aurait voulu plonger dans cette matière sombre, renouer un à un les fils brisés, oui, revenir en arrière pour retenir les ombres et en savoir plus long sur elles. Impossible. Alors il ne restait plus qu'à retrouver les noms. Ou même les prénoms. Ils servaient d'aimants. Ils faisaient ressurgir des impressions confuses que vous aviez du mal à éclaircir. Appartenaient-elles au rêve ou à la réalité ?"


Patrick Modiano, L'Horizon
 
 

mardi 16 novembre 2010

Feeling good

Version originale de Nina Simone

Version revisitée  live par Asa
wow... J'aurais aimé y être!
(À mettre bien fort dans son casque)

dimanche 14 novembre 2010

Tu m'as dit...

''Maman''...
et j'ai eu les larmes au yeux

Onze petits mois
et te voilà à me charmer
par le verbe

Tout douce, toute tranquille
''Merci''

Je me sens encore plus féminine
et tu ne t'en rends même pas compte

Ma toute gentille:



''Je t'aime''

vendredi 5 novembre 2010

Transition


L'image est claire dans ma tête

Les sensations y sont précises
Humidité-couleurs
Tout est automnal

Les feuilles tombent
L'hiver se prépare
Les saisons tour à tour, défilent
et soulignent les transitions

Suis confinée à la maison
comme je le désirais
avec la petite demoiselle

La journée sera bonne
puisque j'en ai décidé ainsi

La prise de décision
n'est pas seulement un acte professionnel
il est surtout personnel

Je décide des émotions du jour
Je décide de voir autrement
Et cela devient de plus en plus naturel

mardi 2 novembre 2010

Douces courbes


 Fascinante photographie du début du siècle

Isadora Duncan
danseuse d'avant garde

Observer son regard
Il vous dit quoi?
Je la regarde depuis plus d'une heure
et je me perd dans les courbes de son cou

Ironie du sort
Elle est morte
égorgée par son écharpe rouge
au volant de sa décapotable

Je t'écris de la main gauche

Cette chanson m'a toujours émue
Encore aujourd'hui
Les mêmes émotions

de Danielle Messia

Je t'écris de la main gauche
Celle qui n'a jamais parlé
Elle hésite, est si gauche
Que je l'ai toujours caché

Je la mettais dans ma poche
Et là, elle broyait du noir
Elle jouait avec les croches
Et s'inventait des histoires

Je t'écris de la main gauche
Celle qui n'a jamais compté
Celle qui faisait des fautes
Du moins on l'a raconté

Je m'efforçais de la perdre
Pour trouver le droit chemin
Une vie sans grand mystère
Où l'on se donnera la main

Des mots dans la marge étroite
Tout tremblant qui font de dessins
Je me sens si maladroite
Et pourtant je me sens bien

Tiens voilà, c'est ma détresse
Tiens voilà, c'est ma vérité
Je n'ai jamais eu d'adresse
Rien qu'une fausse identité

Je t'écris de la main bête
Qui n'a pas le poing serré
Pour la guerre elle n'est pas prête
Pour le pouvoir n'est pas douée

Voilà que je la découvre
Comme un trésor oublié
Une vie que je recouvre
Pour les sentiers égarés

On prend tous la ligne droite
C'est plus court, ho oui, c'est plus court
On ne voit pas qu'elle est étroite
Il n'y a plus de place pour l'amour

Je voulais dire que je t'aime
Sans espoir et sans regrets
Je voulais dire que je t'aime, t'aime
Parce que ça semble vrai

jeudi 30 septembre 2010

Le vent sur moi


Ça y est
Le vent me pousse
Le soleil illumine le coeur
Volte-face

La mèche courte
Les émotions à vif

Je me laisse entraîner

lundi 20 septembre 2010

Lente et rapide

Trouvé en fin d'après-midi
aujourd'hui
et elle ne me quitte plus

Lente et rapide à la fois
comme je les aime

Voix nasillarde
Et un petit air des années 90

Love it...
And you?

vendredi 10 septembre 2010

Craquée

  
Aujourd'hui c'est comme ça
une petite douleur

La petite n'est plus un poupon
elle fréquente le milieu familial du quartier

Elle s'étonne des nouveautés, absorbe, savoure
Moi, je retiens mes larmes
Je fais mon deuil de ces mois intenses

Je m'ennuie déjà du qui-vive
auquel je mettais habitué
Le silence de la maison
La goutte d'eau du robinet
Tout s'entend

Je t'imagine avec les autres
Tu deviens déjà un être social


J'aimerais me coller à ta respiration
Tantôt je le ferai 
Avec plus d'attention 

17h13


À la fenêtre, une lumière

Des courbes et des lignes
opacité, transparence, noirceur, surexposition

Je me sentais ainsi

Me promenant pour balader mes peurs
Le nez en l'air, les yeux humides
L'air de tout et de rien

Se perdre est un signe de cheminement
 
Une joie qui s'annonce 
comme un printemps après un trop long hiver

lundi 6 septembre 2010

Je ne peux m'empêcher

 Je ne peux m'empêcher
de fouiller dans ma vie

Trois années à faire un blogue 
ne peuvent s'effacer ainsi

Je reprends donc des parties intimes

Sous un autre jour
Dans la pénombre
Dans un nombre plus restreint

Je me sens plus libre
Plus sereine

Et c'est tant mieux!

Prendre position

Courber le dos
Penser, regarder
Apprendre des Autres

Prendre position
S'éclater, s'investir
Respirer à fond
Vivre

vendredi 3 septembre 2010

Petit loup sucré

Je t'offre un plaisir
juste pour toi et moi
Le tien coule, le mien est déjà presque fini

Tu ris, tu chantes, tu danses
Les lèvres mauves, oranges ou roses
Le sucre et le plaisir te montent assurément à la tête

J'aime te voir ainsi
Je tente de reproduire, à ma manière
les petits plaisirs de mon enfance

Les tiens seront sûrement différents
Tu les reproduiras avec qui tu voudras

Petit loup
tu es beau à croquer
avec tes lèvres luisantes
de couleur intense

Donnes moi un bisou
je te ferai la pareille
Joues collées
Petits câlins
Petit loup sucré

Toi


Toi qui regarde partout
en dedans en dehors
Tu aimes prendre le temps de comprendre
 

Être à tes côtés simplement
Te sentir grand silencieux
Se mettre à l'ombre de toi
Se perdre au soleil de tes yeux
T'envelopper


 
Moi et toi

jeudi 26 août 2010

Pas de photo

juste un souvenir en tête
se promener, couché
tout en haut du camion dans le camper
sur la route transcanadienne

Vibrations et soubressauts
les meilleurs dodos qui soient de faire
La maison mobile remplie à coup sûr
 le coeur et la tête

Mémoire d'envol et de routes
voyager petite, ouvre l'imaginaire

Le matin, les minuscules boîtes de céréales
rapidement croquées et savourées

Le son particulier du couteau ouvrant le met précieux
Le lait déversé me chatouille encore la gorge
Les genoux collés au grand frère
Le sourire de ma mère

Tel est le souvenir en tête


jeudi 19 août 2010

Psycho pop


Psycho pop
bonbon acidulé
Arrière goût

Penser tout croche
Appréhender
S'étouffer dans ses émotions
Arrêt cardiaque
Cul de sac

Le lâcher prise
c'est de la foutaise
il n'y en a même pas au dollarama!

Made in china
Made in yourself
Se torturer, comme d'habitude pour un rien
S'investir dans le ready made
au lieu du concret

Oreilles

petit pied, juillet 2010


Triangle, plis
simplement assis
en attente


Respirer doucement
prétendre, sous-entendre
Rien à redire
Bouche cousue
Oreilles, surveillent

18 heures, déjà

dessin d'Akim, juillet 2010


Tâches éparpillées
Gouttes lancées
Jouer avec un pinceau
sans trop savoir
Les couleurs forment ici, un joli ensemble


Je pense à mon enfance
Le tourne-disque et les contes écoutés très distraitement
L'aiguille qui saute
Et moi qui accoure pour la repositionner


Être au loin, ailleurs
Agiter la marionnette au bord de la fenêtre
S'inventer des histoires
Se permettre absolument tout


Puis maman qui nous appelle
Les assiettes au loin qui trinquent avec le quotidien
C'est l'heure du souper, 18 heures déjà

mardi 17 août 2010

Accrochée

J'ai au creux de ma tête
une envie de lover
et dans mon coeur
un coincement

Un écart, un malaise

Aimer quelqu'un de nouveau
 Qui ne veut pas de cela ?

Il m'est difficile de laisser aller
cette masse de sentiments
se promener en moi

Pourtant je suis folle d'eux
Pourtant je suis si bien 
tout en étant emboîtée

dimanche 15 août 2010

Le soir

Il pleut, il neige
Je ne sais trop
Je sais que c'est le soir

Je pense à toi
comme à tous les "toujours"

Savoir penser aux autres
Ce n'est pas vraiment leur être présents
Longtemps, j'ai confondu
comme les saisons

Je m'en excuse 


Enfance

Je suis à ta gauche
ou à ta droite
comme bon te semble
Comme tu as toujours raison
je me fie à ton jugement
Je me cache

"Entends-tu ma respiration?"
Les mains dans le sac
Prête à être transportée
Voltiges et désirs

Tu es la lune ou le petit roi
Je m'en fous
"J'veux juste être auprès de toi"

Été

Un arbre à colorier
se penche sur moi

Il se peut que la pluie se pointe
Et évidemment, j'en serai heureuse

J'aime entendre le feuillage
Puis à son tour, le silence

Lors de cette synchronicité,
je me visite

Décompte

Décompte-ombre
Glace-distillation
Absence-structure-besoin

Il est bon de prendre
en note
ce qui importe

Aller au devant


Je me prépare au voyage
celui du présent
au delà de ce que j'ai déjà écrit 
un je-ne-sais-quoi

Un nouvel air